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SANS FAMILLE

— Maman, il faut retenir Rémi, continua Arthur qui en dehors du travail, était le maître de sa mère, et faisait d’elle tout ce qu’il voulait.

— Je serais très-heureuse de garder Rémi, répondit madame Milligan, vous l’avez pris en amitié, et moi-même j’ai pour lui beaucoup d’affection ; mais pour le retenir près de nous, il faut la réunion de deux conditions que ni vous ni moi ne pouvons décider. La première c’est que Rémi veuille rester avec nous…

— Ah ! Rémi voudra bien, interrompit Arthur, n’est-ce pas, Rémi, que vous ne voulez pas retourner à Toulouse ?

— La seconde, continua madame Milligan sans attendre ma réponse, c’est que son maître consente à renoncer aux droits qu’il a sur lui.

— Rémi, Rémi d’abord, interrompit Arthur poursuivant son idée.

Assurément Vitalis avait été un bon maître pour moi, et je lui étais reconnaissant de ses soins aussi bien que de ses leçons, mais il n’y avait aucune comparaison à établir entre l’existence que j’avais menée près de lui et celle que m’offrait madame Milligan ; et même il n’y avait aucune comparaison à établir entre l’affection que j’éprouvais pour Vitalis et celle que m’inspiraient madame Milligan et Arthur. Quand je pensais à cela, je me disais que c’était mal à moi de préférer à mon maître ces étrangers que je connaissais depuis si peu de temps ; mais enfin, cela était ainsi ; j’aimais tendrement madame Milligan et Arthur.

— Avant de répondre, continua madame Milligan,