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EN FAMILLE.

« Comme vous êtes bons pour moi ! murmura-t-elle.

— On fait ce qu’on peut, dit Grain de Sel.

— On ne doit pas laisser une brave fille comme toi sur le pavé de Paris, répondit la Marquise.

— Je ne dois pas rester à Paris, répondit Perrine, il faut que je parte tout de suite pour aller chez des parents.

— T’as des parents ? interrompit Grain de Sel en regardant les autres d’un air qui signifiait que ces parents-là ne valaient pas cher ; où sont-ils tes parents ?

— Au delà d’Amiens.

— Et comment veux-tu aller à Amiens ? Tu as de l’argent ?

— Pas assez pour prendre le chemin de fer ; c’est pourquoi j’irai à pied.

— Tu sais la route ?

— J’ai une carte dans ma poche.

— Ta carte te donne-t-elle ton chemin dans Paris pour trouver la route d’Amiens ?

— Non ; mais si vous voulez me l’indiquer. »

Chacun s’empressa de lui donner cette indication, et ce fut une confusion d’explications contradictoires, auxquelles Grain de Sel coupa court.

« Si tu veux te perdre dans Paris, dit-il, tu n’as qu’à les écouter. V’là ce que tu dois faire : prendre le chemin de fer de ceinture jusqu’à la Chapelle-Nord ; là tu trouveras la route d’Amiens, que tu n’auras plus qu’à suivre tout droit ; ça te coûtera six sous. Quand veux-tu partir ?

— Tout de suite ; je l’ai promis à maman de partir tout de suite.