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EN FAMILLE.

« Palikare ! »

Et elle lui sauta à la tête en l’embrassant.

« Ah ! grand-papa, quelle bonne surprise.

— Ce n’est pas à moi que tu la dois, c’est à Fabry qui l’a racheté à La Rouquerie ; le personnel des bureaux a voulu faire ce cadeau à leur ancienne camarade.

— M. Fabry est un bon cœur.

— Mais oui, mais oui, il a eu une idée qui n’est pas venue à tes cousins. Il m’en est venu une aussi à moi, qui a été de commander à Paris une jolie charrette pour Palikare ; elle arrivera dans quelques jours, et ne sera traînée que par lui, car ce phaéton n’est pas son affaire. »

Ils montèrent en voiture, et Perrine prit les guides :

« Par où commençons-nous ?

— Comment par où ? Mais par l’aumuche donc. Crois-tu que je n’ai pas envie de voir le nid où tu as vécu, et d’où tu es partie ? »

Elle était telle que Perrine l’avait quittée l’année précédente, avec son fouillis de végétation vierge, sans que personne y eût touché, respectée même par le temps qui n’avait fait qu’ajouter à son caractère.

« Est-ce curieux, dit M. Vulfran, qu’à deux pas d’un grand centre ouvrier, en pleine civilisation tu aies pu vivre là de la vie sauvage !

— Aux Indes, en pleine vie sauvage tout nous appartenait ; ici dans la vie civilisée, je n’avais droit à rien ; j’ai souvent pensé à cela. »

Après l’aumuche, M. Vulfran voulut que sa première visite fût pour la crèche de Maraucourt.