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EN FAMILLE.
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ne pas pousser les soins à l’extrême, et de ne pas multiplier les voyages.

Ce que M. Vulfran désirait le plus, maintenant qu’il avait vu sa petite-fille, c’était de sortir pour visiter ses travaux ; mais cela demanda de nouvelles précautions, et imposa de nouveaux retards, car il ne voulait pas s’enfermer dans un landau aux glaces closes, mais se servir de son vieux phaéton, pour être conduit par Perrine, et se montrer à tous avec elle : pour cela il importait de choisir une journée sans soleil, aussi bien que sans vent et sans froid.

Enfin il s’en présenta une à souhait, douce et vaporeuse, avec un ciel bleu tendre, comme on en rencontre assez souvent en ce pays, et après le déjeuner Perrine donna l’ordre à Bastien de faire atteler Coco au phaéton.

« Tout de suite, mademoiselle. »

Elle fut surprise du ton de cette réponse, et du sourire de Bastien, mais elle n’y prêta pas autrement attention, occupée qu’elle était à habiller son grand-père de façon qu’il ne fût exposé à n’avoir ni froid, ni chaud.

Bientôt Bastien revint annoncer que la voiture était avancée, et ils se rendirent sur le perron ; Perrine qui ne quittait pas des yeux son grand-père, marchant seul, arrivait à la dernière marche, quand un formidable braiment lui fit tourner la tête.

Était-ce possible ! Un âne était attelé au phaéton, et cet âne ressemblait à Palikare, mais Palikare lustré, peigné, les sabots brillants, habillé d’un beau harnais jaune avec des houpettes bleues, qui continuait de braire le cou tendu, et voulait venir vers Perrine malgré le groom qui le retenait.