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EN FAMILLE.
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— Pouvais-je soupçonner que tu étais ma fille ?

— Si cette fille s’était présentée franchement devant vous ne l’auriez-vous pas chassée sans vouloir l’entendre ?

— Qui sait ce que j’aurais fait !

— C’est alors que j’ai décidé de ne me faire connaître que le jour où, selon la recommandation de maman, je me serais fait aimer.

— Et tu as attendu si longtemps ! n’avais-tu pas à chaque instant des preuves de mon affection ?

— Était-elle celle d’un père ? je n’osais le croire.

— Et il a fallu que, mes soupçons s’étant précisés après des luttes cruelles, des hésitations, des espérances aussi bien que des doutes que tu m’aurais épargnés en parlant plus tôt, j’emploie Fabry pour t’obliger à te jeter dans mes bras.

— La joie de l’heure présente ne prouve-t-elle pas qu’il était bon qu’il en fût ainsi ?

— Enfin c’est bien, laissons cela, et dis-moi ce que tu m’as caché, me laissant poursuivre des recherches que d’un mot tu pouvais satisfaire…

— En me découvrant.

— Parle-moi de ton père ; comment êtes-vous arrivés à Serajevo ? Comment était-il photographe ?

— Ce qu’a été notre vie dans l’Inde vous pouvez… »

Il l’interrompit :

« Dis-moi tu ; c’est à ton grand-père que tu parles, non plus à M. Vulfran.

— Par les lettres que tu as reçues tu sais à peu près ce qu’a été cette vie ; je te la raconterai plus tard, avec nos