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EN FAMILLE.
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« Monsieur Fabry, vous allez aller à Noisiel étudier les maisons ouvrières.

— Monsieur Fabry, vous allez aller en Angleterre étudier le Working men’s club Union.

— Monsieur Fabry, vous allez aller en Belgique étudier les cercles ouvriers. »

Et Fabry partait, étudiait ce qu’on lui avait indiqué tout en ne négligeant rien de ce qu’il trouvait intéressant, puis au retour, après de longues discussions avec M. Vulfran, étaient arrêtés les plans qu’exécutaient sous sa direction l’architecte et les conducteurs de travaux, adjoints à son bureau, devenu depuis peu le plus important de la maison. Jamais elle ne prenait part à ces discussions, jamais elle n’y mêlait son mot, mais elle y assistait, et il eût fallu une stupidité réelle pour ne pas comprendre qu’elle les préparait, les inspirait, et qu’en somme c’était la semence qu’elle avait jetée dans l’esprit ou dans le cœur du maître, qui germait et portait ses fruits.

Pas plus que Fabry, les ouvriers élus par leurs camarades ne méconnaissaient le rôle de Perrine, et bien que dans leurs conseils, elle ne se fût jamais permis ni un mot, ni un signe, ils savaient très justement peser l’influence qu’elle exerçait, et ce n’était pas pour eux un mince sujet de confiance et de fierté qu’elle fût des leurs :

« Vous savez, elle a travaillé aux cannetières.

— Est-ce que si elle ne sortait pas du travail, elle serait ce qu’elle est ? »

Il n’eût pas fait bon que devant ceux-là, on parlât de la huer quand elle traversait les rues des villages ; les huées commen-