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EN FAMILLE.

vous le voulez bien, nous ne parlerons pas : par la main je vous guiderai. Je vous préviens cependant que nous aurons un escalier à monter, il est facile et droit ; au haut de cet escalier j’ouvrirai une porte et nous entrerons ; nous ne resterons là que ce que vous voudrez rester, une minute ou deux.

— Que veux-tu que je voie, puisque je ne voie pas ?

— Vous n’avez pas besoin de voir.

— Alors pourquoi venir ?

— Pour être venu. J’oubliais de vous dire qu’il importe peu que nous fassions du bruit en marchant. »

Les choses s’arrangèrent comme elle avait dit, et en arrivant dans la cour intérieure, un éclair lui montra l’entrée de l’escalier. Ils montèrent, et Perrine ouvrant la porte dont elle avait parlé, attira doucement M. Vulfran et referma la porte.

Alors ils se trouvèrent enveloppés d’un air chaud, âcre, suffoquant.

Une voix empâtée dit :

« Qu’est-ce qui est là ? »

Une pression de main avertit M. Vulfran de ne pas répondre.

La même voix continua :

« Couche-té don la Noyelle. »

Cette fois ce fut la main de M. Vulfran qui dit à Perrine qu’il voulait sortir.

Elle rouvrit la porte, et ils redescendirent, tandis qu’un murmure de voix les accompagnait.

Ce fut seulement dans la rue que M. Vulfran prit la parole :

« Tu as voulu me faire connaître la chambrée dans laquelle tu as couché la première nuit de ton arrivée ici ?

— J’ai voulu que vous connaissiez une des nombreuses