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EN FAMILLE.

qui buvaient en bavardant avec un tapage assourdissant, tandis que le long des maisons, assises sur des chaises, ou sur le pas de leur porte, les femmes causaient et que les enfants jouaient dans les cours. Personne n’assisterait-il donc au service ?

En entrant dans l’église où elle avait eu peur de ne pas pouvoir entrer, elle la vit à moitié vide : dans le chœur était rangée la famille ; çà et là se montraient les autorités du village, les fournisseurs, le haut personnel des usines, mais rares, très rares étaient les ouvriers, hommes, femmes, enfants qui, en cette journée dont les conséquences pouvaient être si graves pour eux cependant, avaient eu la pensée de venir joindre leurs prières à celles de leur patron.

Le dimanche sa place était à côté de M. Vulfran, mais comme elle n’avait pas qualité pour l’occuper, elle prit une chaise à côté de Rosalie qui accompagnait sa grand’mère en grand deuil.

« Hélas ! mon pauvre petit Edmond, murmura la vieille nourrice qui pleurait, quel malheur ! Qu’est-ce que dit M. Vulfran ? »

Mais l’office qui commençait dispensa Perrine de répondre, et ni Rosalie, ni Françoise ne lui adressèrent plus la parole, voyant combien elle était bouleversée.

À la sortie, elle fut arrêtée par Mlle  Belhomme qui, comme Françoise, voulut l’interroger sur M. Vulfran, et à qui elle dut répondre qu’elle ne l’avait pas vu depuis la veille.

« Vous rentrez à pied ? demanda l’institutrice.

— Mais oui.

— Eh bien, nous ferons route ensemble jusqu’aux écoles. »