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EN FAMILLE.

pour quelques dettes, on l’envoyât aux Indes ; mis en dehors de sa famille, il s’en est créé une autre là-bas.

— Et puis, être en Bosnie, en Turquie, quelque part par là, cela ne veut pas dire qu’on est en route pour Maraucourt : est-ce que la route des Indes en France passe par la Bosnie ? »

Cette réflexion était de Bendit qui, avec son sang-froid anglais, jugeait les choses au seul point de vue pratique, sans y mêler aucune considération sentimentale.

« Comme vous je désire le retour du fils, disait-il, cela donnerait à la maison une solidité qui lui manque, mais il ne suffit pas que je désire une chose pour que j’y croie ; c’est Français cela, ce n’est pas Anglais, et moi, vous savez : « I am an Englishman. »

Justement parce que ces réflexions étaient d’un Anglais, elles faisaient hausser les épaules : si le patron parlait du retour de son fils, on pouvait avoir foi en lui ; il n’était pas homme à s’emballer, le patron.

« En affaires, oui ; mais en sentiment, ce n’est pas l’industriel qui parle, c’est le père. »

À chaque instant M. Vulfran s’entretenait avec Perrine de ses espérances :

« Ce n’est plus qu’une affaire de temps : la Bosnie, ce n’est pas l’Inde, une mer dans laquelle on disparaît ; si nous avons des nouvelles certaines pour le mois de novembre, elles nous mettront sur une piste qu’il sera facile de suivre. »

Et il avait voulu que Perrine prît dans la bibliothèque les livres qui parlaient de la Bosnie, cherchant en eux, sans y trouver une explication satisfaisante, ce que son fils était