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EN FAMILLE.

n’y avait là rien que de vraisemblable, puisqu’il avait appelé sa mère à son secours ; mais Théodore, cela n’était pas possible.

« Ils m’ont dit que lettres et dépêches passaient par vos mains et que vous les traduisiez à mon frère. Eh bien ! il serait très important, au cas où ces nouvelles deviendraient mauvaises, comme nous ne le prévoyons que trop, hélas ! que mon fils en fût averti le premier ; il m’enverrait une dépêche, et, comme la distance d’ici à Boulogne n’est pas très grande, j’accourrais soutenir mon pauvre frère : une sœur, surtout une sœur aînée, trouve d’autres consolations dans son cœur qu’une belle-sœur. Vous comprenez ?

— Oh ! bien sûr, madame, que je comprends ; il me semble au moins.

— Alors, nous pouvons compter sur vous ? »

Perrine hésita un moment, mais elle ne pouvait pas ne pas répondre.

« Je ferai tout ce que je pourrai pour M. Vulfran.

— Et ce que vous ferez pour lui, vous le ferez pour nous, comme ce que vous ferez pour nous vous le ferez pour lui. Tout de suite je vais vous prouver que, quant à nous, nous ne serons pas ingrats. Qu’est-ce que vous diriez d’une robe qu’on vous donnerait ? »

Perrine ne voulut rien dire, mais comme elle devait une réponse à cette offre, elle la mit dans un sourire.

« Une belle robe avec une petite traîne, continua Mme Bretoneux.

— Je suis en deuil.

— Mais le deuil n’empêche pas de porter une robe à traîne.