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EN FAMILLE.

De guerre lasse, Mme  Bretoneux, la veille de son départ, se décida à l’aller trouver dans sa chambre, où Perrine, qui se croyait débarrassée d’elle, dormait tranquillement.

Quelques coups frappés à sa porte, l’éveillèrent ; elle écouta, on frappa de nouveau.

Elle se leva et alla à la porte à tâtons :

« Qui est là ?

— Ouvrez, c’est moi.

Mme  Bretoneux ?

— Oui. »

Perrine tira le verrou, et vivement Mme  Bretoneux se glissa dans la chambre, tandis que Perrine pressait le bouton de la lumière électrique.

« Couchez-vous, dit Mme  Bretoneux, nous serons mieux pour causer. »

Et, prenant une chaise, elle s’assit au pied du lit de façon à avoir Perrine devant elle ; puis tout de suite elle commença :

« C’est de mon frère que j’ai à vous parler, à propos de certaines recommandations que je veux vous adresser. Puisque vous remplacez Guillaume auprès de lui, vous pouvez prendre des précautions utiles à sa santé et dont Guillaume, malgré tous ses défauts, l’entourait. Vous paraissez intelligente, bonne petite fille, il est donc certain que, si vous le voulez, vous pouvez nous rendre les mêmes services que Guillaume ; je vous promets que nous saurons le reconnaître. »

Aux premiers mots, Perrine s’était rassurée : puisqu’on voulait lui parler de M. Vulfran, elle n’avait rien à craindre ; mais quand elle entendit Mme  Bretoneux lui dire qu’elle paraissait intelligente, sa défiance se réveilla, car il était