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EN FAMILLE.

Que devait-on craindre d’elle ?

C’était ce que Mme  Bretoneux avait demandé à son fils, mais ses réponses ne l’ayant pas satisfaite, elle avait voulu faire elle-même une enquête qui l’éclairât.

Arrivée assez inquiète, il ne lui fallut que peu de temps pour se rassurer, tant Perrine joua bien le rôle que Mlle  Belhomme lui avait soufflé.

Si M. Vulfran ne voulait pas avoir ses neveux à demeure chez lui, il n’en était pas moins hospitalier, et même largement, fastueusement hospitalier pour sa famille, lorsque sa sœur et sa belle-sœur, son frère et son beau-frère venaient le voir à Maraucourt. Dans ces occasions, le château prenait un air de fête qui ne lui était pas habituel : les fourneaux chauffaient au tirage forcé ; les domestiques arboraient leurs livrées ; les voitures et les chevaux sortaient des remises et des écuries avec leurs harnais de gala ; et le soir, dans l’obscurité, les habitants du village voyaient flamboyer le château depuis le rez-de-chaussée jusqu’aux fenêtres des combles et de Picquigny à Amiens, d’Amiens à Picquigny, circulaient le cuisinier et le maître d’hôtel chargés des approvisionnements.

Pour recevoir Mme  Bretoneux, on s’était donc conformé à l’usage établi et en débarquant à la gare de Picquigny, elle avait trouvé le landau avec cocher et valet de pied pour l’amener à Maraucourt, comme en descendant de voiture elle avait trouvé Bastien pour la conduire à l’appartement, toujours le même, qui lui était réservé au premier étage.

Mais malgré cela, la vie de travail de M. Vulfran et de ses neveux, même celle de Casimir, n’avait été modifiée en rien :