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EN FAMILLE.

cousin. Mais pour cela sa mère n’avait pas désespéré qu’il pût l’occuper un jour en regagnant le temps perdu : ingénieur, Casimir du haut de l’X dominerait M. Vulfran, en même temps qu’il écraserait de sa supériorité officielle son cousin qui n’était rien. C’était donc pour l’École polytechnique qu’il avait été chauffé, ne travaillant que les matières exigées pour les examens de l’École, et cela en proportion de leur coefficient : 58 les mathématiques, 10 la physique, 5 la chimie, 6 le français. Et alors il s’était produit ce résultat fâcheux pour lui, que, comme à Maraucourt, les vulgaires connaissances usuelles étaient plus utiles que l’X, l’ingénieur n’avait pas plus dominé l’oncle qu’il n’avait écrasé le cousin. Et même celui-ci avait gardé l’avance que dix années de vie commerciale lui donnaient, car s’il n’était pas savant, il en convenait, au moins il était pratique, prétendait-il, sachant bien que cette qualité était la première de toutes pour son oncle.

« Que diable peut-on bien leur apprendre d’utile, disait Théodore, puisqu’ils ne sont pas seulement en état d’écrire clairement une lettre d’affaires avec une orthographe décente ?

— Quel malheur, expliquait Casimir, que mon beau cousin s’imagine qu’on ne peut pas vivre ailleurs qu’à Paris, quels services, sans cela, il rendrait à mon oncle ; mais qu’attendre de bon d’un monomane qui, dès le jeudi, ne pense qu’à filer le samedi soir à Paris, disposant tout, dérangeant tout dans ce but unique, et qui, du lundi matin au jeudi, reste engourdi dans les souvenirs de la journée du dimanche passée à Paris. »

Les mères ne faisaient que développer ces deux thèmes en les enjolivant ; mais, au lieu de convaincre M. Vulfran, celle-ci