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EN FAMILLE.

— Ce n’est pas seulement de votre instruction que je suis chargée par M. Vulfran, c’est aussi de votre éducation, voilà pourquoi je vous adresse ce conseil, dans votre intérêt, comme dans l’intérêt de tous.

— Je vous en prie, mademoiselle, expliquez-moi ce que je dois faire, car je vous assure que je ne comprends pas du tout ce qu’exige le conseil que vous me donnez, et tel qu’il est, il m’effraie.

— Bien que vous ne soyez que depuis peu à Maraucourt, vous devez savoir que la maladie de M. Vulfran et la disparition de M. Edmond sont une cause d’inquiétude pour tout le pays.

— Oui, mademoiselle, j’ai entendu parler de cela.

— Que deviendraient les usines dont vivent sept mille ouvriers, sans compter ceux qui vivent eux-mêmes de ces ouvriers, si M. Vulfran mourait et si M. Edmond ne revenait pas ? Vous devez sentir que ces questions ne se sont pas posées sans éveiller des convoitises. M. Vulfran en léguerait-il la direction à ses deux neveux ; ou bien à un seul qui lui inspirerait plus de confiance que l’autre ; ou bien encore à celui qui depuis vingt ans a été son bras droit et qui ayant dirigé avec lui cette immense machine, est peut-être plus que personne en situation et en état de ne pas la laisser péricliter ? Quand M. Vulfran a fait venir son neveu M. Théodore, on a cru qu’il désignait ainsi celui-ci pour son successeur. Mais quand l’année dernière il a appelé près de lui M. Casimir au moment où celui-ci sortait de l’École des ponts et chaussées, on a compris qu’on s’était trompé, et que le choix de M. Vulfran ne s’était encore fixé sur personne par cette raison déci-