Page:Malot - En famille, 1893.djvu/407

Cette page a été validée par deux contributeurs.
401
EN FAMILLE.

Sans répondre, Talouel prit la dépêche, et la porta à M. Vulfran avec un empressement bruyant.

« Voulez-vous que je l’ouvre ? demanda-t-il.

— Parfaitement. »

Mais il n’eut pas déchiré le papier dans la ligne pointillée, qu’il s’écria :

« Elle est en anglais.

— Alors c’est l’affaire d’Aurélie », dit M. Vulfran avec un geste auquel le directeur ne pouvait pas ne pas obéir.

Aussitôt que la porte fut refermée, elle traduisit la dépêche :

« L’ami, Leserre, négociant français, dernières nouvelles cinq ans ; Dehra, révérend père Mackerness, lui écris selon votre désir. »

— Cinq ans, s’écria M. Vulfran, qui tout d’abord ne fut sensible qu’à cette indication ; que s’est-il passé depuis cette époque, et comment suivre une piste après cinq années écoulées ? »

Mais il n’était pas homme à se perdre dans des plaintes inutiles ; ce fut ce qu’il expliqua, lui-même :

« Les regrets n’ont jamais changé les faits accomplis ; tirons parti plutôt de ce que nous avons ; tu vas tout de suite faire une dépêche en français pour ce M. Leserre puisqu’il est Français, et une en anglais pour le père Mackerness. »

Elle écrivit couramment la dépêche qu’elle devait traduire en anglais, mais pour celle qui devait être déposée en français au télégraphe elle s’arrêta dès la première ligne, et demanda la permission d’aller chercher un dictionnaire dans le bureau de Bendit.

« Tu n’es pas sûre de ton orthographe ?