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EN FAMILLE.

« Il me répondit : « Ah ! mes neveux ! » Qu’est-ce que cela voulait dire ? Vous pensez bien que je ne me suis pas permis de le chercher : je vous le répète simplement. Et tout de suite j’ajoute ce qu’il me dit encore, pour expliquer sa détermination de la prendre au château et de l’installer dans son bureau, que c’était parce qu’il ne voulait pas qu’elle restât exposée à certains dangers, — non pour elle, car il avait la certitude qu’elle n’y succomberait pas ; mais pour les autres, ce qui l’obligerait à se séparer de ces autres, quels qu’ils fussent. Je vous donne ma parole que je vous répète ce qu’il m’a dit mot pour mot. Maintenant, quels sont ces autres, je vous le demande. »

Comme ils ne répondaient pas, il insista :

« À qui a-t-il voulu faire allusion ? Où voit-il des autres qui pourraient faire courir des dangers à cette petite ? Quels dangers ? Toutes questions incompréhensibles, mais que justement pour cela j’ai cru devoir vous soumettre, à vous, messieurs qui, en l’absence de M. Edmond, vous trouvez placés, par votre naissance, à la tête de cette maison. »

Il avait assez joué avec eux comme le chat avec la souris, pourtant il crut pouvoir une fois encore les faire sauter en l’air d’un vigoureux coup de patte :

« Il est vrai que M. Edmond peut revenir d’un moment à l’autre, demain peut-être, au moins si l’on s’en rapporte à toutes les recherches que M. Vulfran fait faire, fiévreusement, comme s’il brûlait sur une bonne piste.

— Savez-vous donc quelque chose ? » demanda Théodore qui n’eut pas la dignité de retenir sa curiosité.

« Rien autre chose que ce que je vois ; c’est-à-dire que