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EN FAMILLE.

« Depuis ma maladie, dit M. Vulfran, j’ai l’habitude de manger deux soupes, ce qui est plus commode pour moi, mais tu n’es pas tenue, toi qui vois clair, d’en faire autant.

— J’ai été si longtemps privée de soupe, que j’en mangerais bien deux fois aussi. »

Mais ce ne fut pas une assiette du même potage qu’on leur servit, ce fut une nouvelle soupe, aux choux celle-là, avec des carottes et des pommes de terre, aussi simple que celle d’un paysan.

Au reste, le dîner garda en tout, excepté pour le dessert, cette simplicité, se composant d’un gigot avec des petits pois et d’une salade ; mais pour le dessert il comprenait quatre assiettes à pied avec des gâteaux et quatre compotiers chargés de fruits admirables, dignes par leur grosseur et leur beauté, des fleurs du surtout.

« Demain tu iras, si tu le veux, visiter les serres qui ont produit ces fruits, » dit M. Vulfran.

Elle avait commencé par se servir discrètement quelques cerises, mais M. Vulfran voulut qu’elle prît aussi des abricots, des pêches et du raisin.

« À ton âge, j’aurais mangé tous les fruits qui sont sur la table… si on me les avait offerts. »

Alors Bastien, bien disposé par cette parole, voulut mettre sur l’assiette « de cette petite bête », comme il l’eût fait pour un singe savant, un abricot et une pêche qu’il choisit avec la compétence d’un connaisseur, quittant pour cela la place qu’il occupait derrière la chaise de M. Vulfran.

Malgré les fruits, Perrine fut bien aise de voir le dîner