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EN FAMILLE.

Que cela était frais et joli !

Elle n’était pas revenue de son émerveillement, et s’amusait encore à enfoncer, son pied dans le tapis moelleux qui le repoussait, quand la femme de chambre entra :

« Bastien m’a dit de me mettre à la disposition de mademoiselle. »

Une femme de chambre en toilette claire, coiffée d’un bonnet de tulle, aux ordres de celle qui quelques jours avant couchait dans une hutte, sur un lit de roseaux, au milieu d’un marais, avec les rats et les grenouilles : il lui fallut un certain temps pour se reconnaître.

« Je vous remercie, dit-elle enfin, mais je n’ai besoin de rien… il me semble.

— Si mademoiselle veut bien, je vais toujours lui montrer son appartement. »

Ce qu’elle appelait « montrer l’appartement », c’était ouvrir les portes d’une armoire à glace et d’un placard, ainsi que les tiroirs d’une table de toilette, tout remplis de brosses, de ciseaux, de savons et de flacons ; cela fait, elle mit la main sur un bouton posé dans la tenture :

« Celui-ci, dit-elle, est pour la sonnerie d’appel ; celui-là pour l’éclairage. »

Instantanément la chambre, l’entrée et le cabinet de toilette s’éclairèrent d’une lumière éblouissante qui, instantanément aussi, s’éteignit ; et il sembla à Perrine qu’elle était encore dans les plaines des environs de Paris, quand l’orage l’avait assaillie et que les éclairs fulgurants du ciel entr’ouvert lui montraient son chemin ou le noyaient d’ombres.

« Quand mademoiselle aura besoin de moi, elle voudra