Page:Malot - En famille, 1893.djvu/377

Cette page a été validée par deux contributeurs.
371
EN FAMILLE.

« Traduis cela en anglais, et fais plutôt plus court que plus long, à 1 fr. 60 le mot, il ne faut pas les prodiguer ; écris très lisiblement. »

La traduction fut assez vivement achevée et elle la lut à haute voix.

« Combien de mots ? demanda-t-il.

— En anglais quarante-cinq. »

Alors il calcula tout haut :

« Cela fait 72 francs pour la dépêche, 32 pour la réponse ; 104 francs en tout que je vais te donner ; tu la porteras toi-même au télégraphe et la liras à la receveuse, pour qu’elle ne commette pas d’erreur. »

En traversant la vérandah elle y trouva Talouel qui les mains dans les poches, se promenait là, de manière à surveiller tout ce qui se passait dans les cours aussi bien que dans les bureaux.

« Où vas-tu ? demanda-t-il.

— Au télégraphe porter une dépêche. »

Elle la tenait d’une main et l’argent de l’autre ; il la lui prit en la tirant si fort que si elle ne l’avait pas lâchée, il l’aurait déchirée, et tout de suite il l’ouvrit. Mais en voyant qu’elle était en anglais, il eut un mouvement de colère.

« Tu sais que tu as à me parler tantôt, dit-il.

— Oui, monsieur. »

Ce fut seulement à trois heures qu’elle revit M. Vulfran, quand il la sonna pour partir. Plus d’une fois elle s’était demandé qui remplacerait Guillaume ; sa surprise fut grande quand M. Vulfran lui dit de prendre place à ses côtés, après avoir renvoyé le cocher qui avait amené Coco.