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EN FAMILLE.

« Qu’est-ce que c’est que cette lettre ? » demanda M. Vulfran.

Elle prit la lettre qu’il lui tendait et jeta les yeux dessus ; s’il avait pu la voir il aurait constaté qu’elle pâlissait et que ses mains tremblaient.

« C’est une lettre en anglais datée de Dakka du 29 mai.

— Sa signature ? »

Elle la retourna :

« Le père Fildes.

— Tu en es certaine ?

— Oui, monsieur, le père Fildes.

— Que dit-elle ?

— Voulez-vous me permettre d’en lire quelques lignes avant de répondre ?

— Sans doute, mais vite. »

Elle eût voulu obéir à cet ordre, cependant son émotion, au lieu de se calmer, s’était accrue, les mots dansaient devant ses yeux troubles.

« Eh bien ? demanda M. Vulfran d’une voix impatiente.

— Monsieur, cela est difficile à lire, et difficile aussi à comprendre : les phrases sont longues.

— Ne traduis pas, analyse simplement ; de quoi s’agit-il ? »

Un certain temps s’écoula encore avant qu’elle répondît ; enfin elle dit :

« Le père Fildes explique que le père Leclerc à qui vous aviez écrit est mort, et que lui-même chargé par le père Leclerc de vous répondre, en a été empêché par une absence, et aussi par la difficulté de réunir les renseignements que vous demandez ; il s’excuse de vous écrire en anglais, mais il ne possède qu’imparfaitement votre belle langue.