Page:Malot - En famille, 1893.djvu/357

Cette page a été validée par deux contributeurs.
351
EN FAMILLE.

Et assise sur son lit, car il lui était impossible de rester couchée, tant son angoisse était énervante, elle se répétait mot à mot ce qu’elle avait entendu :

« Qui sait s’il n’a pas contribué à provoquer l’absence du disparu, et à la faire durer. »

« La place qu’ont prise ceux qui doivent remplacer ce disparu, est-elle aussi solidement occupée qu’on croit, et ne se fait-il pas un travail souterrain pour les obliger à l’abandonner, soit en les forçant à se retirer, soit en les faisant renvoyer ? »

S’il avait cette puissance de faire renvoyer ceux qui semblaient désignés pour remplacer le maître, que ne pourrait-il pas contre elle qui n’était rien, si elle essayait de lui résister, et se refusait à devenir l’espionne qu’il voulait qu’elle fût !

Comment ne donnerait-elle pas barre sur elle ?

Elle passa une partie de la nuit à agiter ces questions, mais quand à la fin la fatigue la coucha sur son oreiller, elle n’en avait vu que les difficultés sans leur trouver une seule réponse rassurante.