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EN FAMILLE.

geait silencieusement dans son coin, pût en deviner les dessous qu’ils brouillaient à dessein.

« Et si le disparu reparaissait ? dit Mombleux.

— C’est ce que tout le monde doit souhaiter. Mais s’il ne reparaît pas, c’est qu’il a de bonnes raisons pour ça, comme d’être mort probablement.

— C’est égal, une pareille ambition chez ce bonhomme est raide tout de même, quand on sait ce qu’il est, et aussi ce qu’est la maison qu’il voudrait faire sienne.

— Si l’ambitieux se rendait un juste compte de la distance qui le sépare du but visé, le plus souvent il ne se mettrait pas en route. En tout cas, ne vous trompez pas sur notre bonhomme qui est beaucoup plus fort que vous ne croyez, si on compare son point de départ à son point d’arrivée.

— Ce n’est pas lui qui a amené la disparition de celui dont il compte prendre la place.

— Qui sait s’il n’a pas contribué à provoquer cette disparition ou à la faire durer ?

— Vous croyez ?

— Nous n’étions ici, ni l’un ni l’autre à ce moment, nous ne pouvons donc pas savoir ce qui s’est passé ; mais étant donné le caractère du personnage, il est vraisemblable d’admettre qu’un événement de cette gravité n’a pas dû se produire, sans qu’il ait travaillé à envenimer les choses, de façon à les incliner du côté de son intérêt.

— Je n’avais pas pensé à cela, tiens, tiens.

— Pensez-y, et rendez-vous compte du rôle, je ne dis pas qu’il a joué, mais qu’il a pu jouer en voyant l’importance que cette disparition lui permettait de prendre.