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EN FAMILLE.

Ce qu’elle vit le lendemain matin, lorsqu’après avoir donné ses ordres à ses chefs de service qu’il appelait par une sonnerie aux coups numérotés dans le tableau électrique du vestibule, M. Vulfran la fit venir dans son cabinet, ce fut un visage sévère qui la déconcerta, car bien que les yeux qui se tournèrent vers elle à son entrée, fussent sans regards, elle ne put pas se méprendre sur l’expression de cette physionomie qu’elle connaissait pour l’avoir longuement observée.

Assurément ce n’était pas la bienveillance qu’exprimait cette physionomie, mais plutôt le mécontentement et la colère.

Qu’avait-elle donc fait de mal qu’on pût lui reprocher ?

À cette question qu’elle se posa, elle ne trouva qu’une réponse : ses achats, chez Mme Lachaise, étaient exagérés. D’après eux M. Vulfran jugeait son caractère. Et elle qui s’était si bien appliquée à la modération et à la discrétion. Que fallait-il donc qu’elle achetât, ou plutôt n’achetât point ?

Mais elle n’eut pas le temps de chercher, M. Vulfran lui adressait la parole d’un ton dur :

« Pourquoi ne m’as-tu pas dit la vérité ?

— À propos de quoi, ne vous aurais-je pas dit la vérité ? demanda-t-elle effrayée.

— À propos de ta conduite depuis ton arrivée ici ?

— Mais je vous affirme, monsieur, je vous jure que je vous ai dit la vérité.

— Tu m’as dit que tu avais logé chez Françoise. Et en partant de chez elle où as-tu été ? Je te préviens que Zénobie la fille de Françoise, interrogée hier par quelqu’un qui