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EN FAMILLE.

fait ressortir sa beauté. Il faut vraiment qu’il y ait en elle une sympathie ou une autorité native pour qu’avec une pareille tenue, nos ouvriers veuillent bien l’écouter. »

Et comme Benoist était de caractère à ne pas laisser passer une occasion d’adresser une flatterie au patron qui tenait la liste des gratifications, il ajouta :

« Sans la voir vous avez deviné tout cela.

— Son accent m’a frappé. »

Bien que n’entendant pas tout ce discours, Perrine en avait saisi quelques mots qui l’avaient jetée dans une agitation violente contre laquelle elle s’était efforcée de réagir ; car ce n’était pas ce qui se disait derrière elle, qu’elle devait écouter, si intéressant que cela pût être, mais bien les paroles que lui adressaient le monteur et les ouvriers : que penserait M. Vulfran si dans ses explications en français elle lâchait quelque ineptie qui prouverait son inattention ?

Elle eut la chance d’arriver au bout de ses explications, et, alors, M. Vulfran l’appela près de lui :

« Aurélie. »

Cette fois elle n’eut garde de ne pas répondre à ce nom qui désormais devait être le sien.

Comme la veille il la fit asseoir près de lui en lui remettant un papier pour qu’elle le traduisît, mais au lieu d’être le Dundee News ce fut la circulaire de la Dundee trades report association, qui est en quelque sorte le bulletin officiel du commerce du jute ; aussi sans avoir à chercher de-ci, de-là, dut-elle la traduire d’un bout à l’autre.

Comme la veille aussi lorsque la séance de traduction fut