Page:Malot - En famille, 1893.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.
285
EN FAMILLE.

d’une lenteur désespérante pour elle, avec des hésitations, des ânonnements qui lui faisaient perler la sueur sur les mains, bien que M. Vulfran de temps en temps la soutînt :

« C’est suffisant, je comprends, va toujours. »

Et elle reprenait, élevant la voix quand les mécaniciens menaçaient de l’étouffer dans leurs coups de marteau.

Enfin elle arriva au bout.

« Maintenant, vois s’il y a des nouvelles de Calcutta ? »

Elle chercha.

« Oui voilà : « De notre correspondant spécial. »

— C’est cela ; lis.

— « Les nouvelles que nous recevons de Dakka… »

Elle prononça ce nom avec un tremblement de voix qui frappa M. Vulfran.

« Pourquoi trembles-tu ? demanda-t-il.

— Je ne sais pas si j’ai tremblé ; sans doute c’est l’émotion.

— Je t’ai dit de ne pas te troubler ; ce que tu donnes est beaucoup plus que ce que j’attendais. »

Elle lut la traduction de la correspondance de Dakka qui traitait de la récolte du jute sur les rives du Brahmapoutra ; puis quand elle eut fini, il lui dit de chercher aux nouvelles de mer si elle trouvait une dépêche de Sainte-Hélène.

« Saint Helena est le mot anglais, » dit-il.

Elle recommença à descendre et à monter les colonnes noires ; enfin le nom de Saint Helena lui sauta aux yeux :

« Passé le 23, navire anglais Alma de Calcutta pour Dundee ; le 24, navire norwégien Grundloven de Naraïngaudj pour Boulogne. »

Il parut satisfait :