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EN FAMILLE.

Comme elle tournait ces questions, M. Vulfran rentra dans l’atelier, amené cette fois par le directeur, qui, l’ayant fait asseoir sur une caisse d’emballage, lui expliqua où en était le travail des monteurs.

Après un certain temps, elle entendit le directeur appeler à deux reprises :

« Aurélie, Aurélie. »

Mais elle ne bougea pas ayant oublié qu’Aurélie était le nom qu’elle s’était donné.

Une troisième fois il cria :

« Aurélie. »

Alors comme si elle s’éveillait en sursaut, elle courut à eux :

« Est-ce que tu es sourde ? demanda Benoist.

— Non, monsieur ; j’écoutais les monteurs.

— Vous pouvez me laisser » dit M. Vulfran, au directeur.

Puis quand celui-ci fut parti, s’adressant à Perrine restée debout devant lui :

« Tu sais lire, mon enfant ?

— Oui, monsieur.

— Lire l’anglais ?

— Comme le français ; l’un ou l’autre, cela m’est égal.

— Mais sais-tu en lisant l’anglais le mettre en français ?

— Quand ce ne sont pas des belles phrases, oui, monsieur.

— Des nouvelles dans un journal ?

— Je n’ai jamais essayé, parce que si je lisais un journal anglais je n’avais pas besoin de me le traduire à moi-même, puisque je comprends ce qu’il dit.

— Si tu comprends, tu peux traduire.