Rosalie se redressa :
« Oh ! moi, vous savez, je le fais penser à son fils ; alors vous comprenez, ma mère était la sœur de lait de M. Edmond.
— Il pense à son fils ?
— Il ne pense qu’à ça. »
On se mettait sur les portes pour les voir passer, le mouchoir teint de sang dont la main de Rosalie était enveloppée provoquant la curiosité ; quelques voix aussi les interrogeaient :
« T’es blessée ?
— Les doigts écrasés.
— Ah ! malheur. »
Il y avait autant de compassion que de colère dans ce cri, car ceux qui le proféraient pensaient que ce qui venait d’arriver à cette fille pouvait les frapper le lendemain ou à l’instant même dans les leurs, mari, père, enfants : tout le monde à Maraucourt ne vivait-il pas de l’usine ?
Malgré ces arrêts, elles approchaient de la maison de mère Françoise, dont déjà la barrière grise se montrait au bout du chemin.
« Vous allez entrer avec moi, dit Rosalie.
— Je veux bien.
— Ça retiendra peut-être tante Zénobie. »
Mais la présence de Perrine ne retint pas du tout la terrible tante qui, en voyant Rosalie arriver à une heure insolite, et en apercevant sa main enveloppée, poussa les hauts cris :
« Te v’là blessée, coquine ! Je parie que tu l’as fait exprès.
— Je serai payée, répliqua Rosalie rageusement.
— Tu crois ça ?