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EN FAMILLE.

— C’est le père la Quille qui m’envoie à vous. »

Il s’était retourné vers Perrine.

« Et toi, qu’est-ce que tu as ?

— Moi je n’ai rien, répondit-elle décontenancée par cette dureté.

— Alors ?…

— C’est la Quille qui lui a dit de m’amener à vous, acheva Rosalie.

— Ah ! il faut qu’on t’amène ; eh bien alors qu’elle te conduise chez le Dr Ruchon ; mais tu sais ! je vais faire une enquête, et si tu as fauté, gare à toi ! »

Il parlait avec des éclats de voix qui faisaient résonner les vitres de la vérandah, et qui devaient s’entendre dans tous les bureaux.

Comme elles allaient sortir elles virent arriver M. Vulfran qui marchait avec précaution en ne quittant pas de la main le mur du vestibule :

« Qu’est-ce qu’il y a, Talouel ?

— Rien, monsieur, une fille des cannetières qui s’est fait prendre la main.

— Où est-elle ?

— Me voici, monsieur Vulfran, dit Rosalie en revenant vers lui.

— N’est-ce pas la voix de la petite fille de Françoise ? dit-il.

— Oui, monsieur Vulfran, c’est moi, c’est moi Rosalie. »

Et elle se mit à pleurer, car les paroles dures lui avaient jusque-là serré le cœur et l’accent de compassion avec lequel ces quelques mots lui étaient adressés le détendait.