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EN FAMILLE.

— Vous n’êtes pas le dernier ; c’est M. Casimir qui aujourd’hui est en retard, bien que comme vous il n’ait pas été à Paris ; mais je l’aperçois là-bas. »

Tandis que Théodore se dirigeait vers les bureaux, Casimir avançait rapidement.

Celui-là ne ressemblait en rien à son cousin, pas plus dans sa personne que dans sa tenue ; petit, raide, sec ; quand il passa devant le directeur, cette raideur se précisa dans la courte inclinaison de tête qu’il lui adressa sans un seul mot.

Les mains toujours dans les poches de son veston, Talouel lui présenta aussi son respect, et ce fut seulement quand il eut disparu qu’il se tourna vers Rosalie :

« Qu’est-ce qu’elle sait faire ta camarade ? »

Perrine répondit elle-même à cette question :

« Je n’ai pas encore travaillé dans les usines », dit-elle d’une voix qu’elle s’efforça d’affermir.

Talouel l’enveloppa d’un rapide coup d’œil, puis s’adressant à Rosalie :

« Dis de ma part à Oneux de la mettre aux wagonets, et ouste ! plus vite que ça.

— Qu’est-ce que c’est que les wagonets ? » demanda Perrine en suivant Rosalie à travers les vastes cours qui séparaient les ateliers les uns des autres. Serait-elle en état d’accomplir ce travail, en aurait-elle la force, l’intelligence ? fallait-il un apprentissage ? toutes questions terribles pour elle, et qui l’angoissaient d’autant plus que maintenant qu’elle se voyait admise dans l’usine, elle sentait qu’il dépendait d’elle de s’y maintenir.