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EN FAMILLE.

— Toute seule, je ne connais personne à Maraucourt.

— Alors pourquoi n’êtes-vous pas restée à lire ? Il n’y a rien de meilleur, le dimanche, que la lecture.

— Je n’ai pas de livres.

— Êtes-vous catholique ?

— Oui, monsieur.

— Je vous en prêterai tout de même quelques-uns : farewell.

Good-bye, sir. »

Sur le seuil de la maison, Rosalie était assise, adossée au chambranle, se reposant, à respirer le frais.

« Voulez-vous vous coucher ? dit-elle.

— Je voudrais bien.

— Je vas vous conduire, mais avant il faut vous entendre avec mère Françoise ; entrons dans le débit. »

L’affaire, ayant été arrangée entre la grand’mère et sa petite-fille, fut vivement réglée par le payement des vingt-huit sous que Perrine allongea sur le comptoir, plus deux sous pour l’éclairage pendant la semaine.

« Pour lors vous voulez vous établir dans notre pays, ma petite ? dit mère Françoise d’un air placide et bienveillant.

— Si c’est possible.

— Ça sera possible si vous voulez travailler.

— Je ne demande que cela.

— Eh bien ça ira ; vous ne resterez pas toujours à cinquante centimes, vous arriverez à un franc, même à deux ; si plus tard, vous épousez un bon ouvrier qui en gagne trois, ça vous fera cent sous par jour ; avec ça on est riche… quand on ne boit pas, seulement il faut ne pas boire. C’est bien heu-