Page:Malot - En famille, 1893.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
EN FAMILLE.

— Il y en a eu à Flexelles.

— Flexelles n’est pas Maraucourt ; je ne veux pas que les gens de mon pays deviennent ce que sont ceux de Flexelles, c’est mon devoir de veiller sur eux ; vous n’êtes pas des nomades de l’Anjou ou de l’Artois, vous autres, restez ce que vous êtes. C’est ma volonté. Faites-la connaître à Omer. Adieu, Françoise.

— Adieu, monsieur Vulfran. »

Il fouilla dans la poche de son gilet :

« Où est Rosalie ?

— Me voilà, monsieur Vulfran. »

Il tendit sa main dans laquelle brillait une pièce de dix sous.

« Voilà pour toi.

— Oh ! merci, monsieur Vulfran. »

La voiture partit.

Perrine n’avait pas perdu un mot de ce qui s’était dit, mais ce qui l’avait plus fortement frappée que les paroles mêmes de M. Vulfran, c’était son air d’autorité et l’accent qu’il donnait à l’expression de sa volonté : « Je ne veux pas que cette réunion ait lieu… C’est ma volonté. » Jamais elle n’avait entendu parler sur ce ton, qui seul disait combien cette volonté était ferme et implacable, car le geste incertain et hésitant était en désaccord avec les paroles.

Rosalie ne tarda pas à revenir d’un air joyeux et triomphant.

« M. Vulfran m’a donné dix sous, dit-elle en montrant la pièce.