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EN FAMILLE.

— Si vous voulez, mademoiselle Rosalie.

— Et vous, comment que vous vous nommez ? »

Perrine ne voulut pas dire son vrai nom, et elle en prit un au hasard :

« Aurélie.

— Changeons donc de bras, mademoiselle Aurélie. »

Quand, après un court repos, elles reprirent leur marche cadencée, Perrine revint tout de suite à ce qui l’intéressait :

— Vous disiez que M. Edmond Paindavoine était parti fâché avec son père.

— Et quand il a été dans l’Inde ils se sont fâchés bien plus fort encore, parce que M. Edmond se serait marié là-bas avec une fille du pays par un mariage qui ne compte pas, tandis qu’ici M. Vulfran voulait lui faire épouser une demoiselle qui était de la plus grande famille de toute la Picardie ; c’est pour ce mariage, pour établir son fils et sa bru, que M. Vulfran a construit son château qui a coûté des millions et des millions. Malgré tout, M. Edmond n’a pas voulu se séparer de sa femme de là-bas pour prendre la demoiselle d’ici et ils se sont fâchés tout à fait, si bien que maintenant on ne sait seulement pas si M. Edmond est vivant ou s’il est mort. Il y en a qui disent d’un sens, d’autres qui disent le contraire ; mais on ne sait rien puisqu’on est sans nouvelles de lui depuis des années et des années… à ce qu’on raconte, car M. Vulfran n’en parle à personne et ses neveux n’en parlent pas non plus.

— Il a des neveux M. Vulfran ?

— M. Théodore Paindavoine, le fils de son frère, et M. Casimir Bretoneux, le fils de sa sœur qu’il a pris avec lui pour