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EN FAMILLE.

dit plus d’une fois, et voilà que ce messager de la Mort le lui répétait.

Hé bien, elle mourrait ; il n’y avait pas à se révolter, ni à lutter plus longtemps ; elle le voudrait, qu’elle ne le pourrait plus ; son père était mort, sa mère était morte, maintenant c’était son tour.

Et de ces idées qui traversaient sa tête vide, la plus cruelle était de penser qu’elle eût été moins malheureuse de mourir avec eux, plutôt que dans ce fossé comme une pauvre bête.

Alors elle voulut faire un dernier effort, entrer sous bois et y choisir une place où elle se coucherait pour son dernier sommeil, à l’abri des regards curieux. Un chemin de traverse s’ouvrait à une courte distance, elle le prit et à une cinquantaine de mètres de la route, elle trouva une petite clairière herbée, dont la lisière était fleurie de belles digitales violettes. Elle s’assit à l’ombre d’une cépée de châtaignier, et s’allongeant, elle posa sa tête sur son bras, comme elle faisait chaque soir pour s’endormir.