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Cette vieille folle sait bien cependant qu’il ne t’est rien resté, ce qui s’appelle rien, de la succession de ta mère. Elle veut t’apitoyer après avoir vu qu’elle n’obtiendrait rien de moi. Tu me donneras sa lettre, et je me charge de lui répondre moi-même de façon à ce qu’elle te laisse tranquille désormais.

— Mais, mon oncle.

Il ne la laissa pas prendre la parole comme elle le voulait.

— Les comptes faits, le passif de ton père s’est trouvé de 75% supérieur à son actif augmenté de l’abandon de tes droits, j’ai pris à ma charge 25% et nous sommes ainsi arrivés à offrir aux créanciers 50%, qui ont été acceptés avec une véritable reconnaissance, je te l’assure. Pour un bon nombre c’était plus qu’il ne leur était dû réellement, et ils avaient encore un joli bénéfice, tant ton pauvre père avait mal arrangé ses affaires. C’était le cas particulièrement de ta vieille madame Monfreville, à qui, je le parierais, ton père ne devait pas légitimement plus de quatre ou cinq mille francs. Au reste, pas un seul n’a fait de résistance pour donner une quittance entière, et cela prouve mieux que tout la valeur de ces créances.

Cette explication pouvait être bonne, mais elle ne porta nullement la conviction dans l’esprit de Madeleine, et encore moins dans son cœur : que son père dût légitimement ou non, elle ne s’en inquiétait pas ; il devait, c’était assez pour qu’elle voulût payer.

— Mon cher oncle, dit-elle en le regardant avec des yeux suppliants, je suis pénétrée de reconnaissance pour ce que vous avez fait, et cependant j’ose encore vous demander davantage.