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pas de boue et un splendide coucher de soleil qui se prépare derrière le Mont-Valérien.

— Eh bien ! allons au Bois si tu n’as pas peur de marcher.

En peu de temps, ils arrivèrent à l’entrée du Bois : le soleil s’était abaissé derrière le Mont-Valérien, dont la dure silhouette se découpait en noir sur un fond d’or, et déjà des vapeurs blanches s’élevaient çà et là au-dessus des arbres dépouillés de feuilles.

Puis, ayant pris l’allée des fortifications ils se trouvèrent seuls au milieu du bois, dans le silence qui n’était troublé que par le bruit des feuilles sèches soulevées par leurs pas : le moment était venu de parler.

Comme elle réfléchissait depuis quelques instants, son oncle l’interpella :

— Je te trouve bien mélancolique, si tu es fatiguée, dis-le franchement, ma mignonne, nous rentrerons.

— Ce n’est pas la fatigue qui m’attriste, mon oncle, c’est le souvenir d’une lettre que j’ai reçue, une lettre de Rouen.

— De Rouen ?

— De madame Monfreville.

À ce nom, qui était celui de la vieille dame créancière de l’avocat général, M. Haupois ne put retenir un mouvement de contrariété.

— Et que te veut madame Monfreville ?

— Elle me dit qu’elle n’a touché que cinq mille francs sur les dix mille qui étaient dus par mon père, et elle me demande, elle me prie de lui faire payer ces cinq mille francs.

— Ah ! vraiment, et comment madame Monfreville veut-elle que tu lui payes ces cinq mille francs ?