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— Sois tranquille, je te marierai ; mon mari, tu le sais, a les plus belles relations.

Quelques jours plus tard, lorsqu’elle avait remarqué l’attitude de Saffroy, elle s’était expliqué franchement et vigoureusement sur les prétentions du commis :

— Tu vois, n’est-ce pas, que monseigneur de Saffroy, — elle se plaisait à se moquer des roturiers en leur donnant la particule, — tu vois que monseigneur de Saffroy te fait la cour. Mais ce que tu ne vois peut-être pas, c’est qu’il est encouragé par mon père et ma mère.

— Ils te sont dit ? s’écria Madeleine.

— Non, mais cela n’était pas nécessaire ; j’ai des yeux pour voir, il me semble. D’ailleurs, cette faveur que mon père et ma mère accordent à Saffroy entre dans leur système : ils veulent se l’attacher et ils vont jusqu’à vouloir en faire leur neveu, parce qu’alors ils seront bien certains qu’il ne se séparera jamais de Léon et qu’il s’exterminera toute la vie pour lui. Ce n’est pas maladroit, mais cela ne sera pas. D’abord, parce que nous trouvons que Saffroy n’a déjà que trop de puissance dans la maison. Et puis, parce, qu’il ne peut pas te convenir. Allons donc, toi, madame Saffroy, toi une Bréauté de Valletot ! Sois tranquille, tu seras de notre monde et non une boutiquière.