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Alors elle s’était renfermée dans une extrême réserve ; mais, sans se décourager, il avait persisté, s’empressant au-devant d’elle lorsqu’elle arrivait, cherchant sans cesse à lui adresser la parole, et, ce qu’il y avait de particulier, le faisant plus librement lorsque M. ou madame Haupois-Daguillon étaient présents, comme s’il se savait assuré de leur consentement.

Madeleine était assez femme pour ne pas se tromper sur la nature de ces politesses. Saffroy lui faisait la cour ou tout au moins cherchait à lui plaire ; à la vérité, c’était avec toutes les marques du plus grand respect, mais enfin le fait n’en existait pas moins, et il était visible pour tous.

Comment son oncle, comment sa tante ne s’en apercevaient-ils pas ? S’en apercevant, comment ne disaient-ils rien ?

Cela était étrange.

La sœur de Léon, la baronne Camille Valentin, lorsqu’elle revint de la campagne, se chargea de l’éclairer à ce sujet.

Au temps où Camille venait passer une partie de ses vacances à Rouen, elle n’avait pas grande amitié pour sa cousine Madeleine, mais maintenant la situation n’était plus la même, Madeleine était malheureuse, orpheline, pauvre, et c’était assez pour que la baronne Valentin, qui ne désirait rien tant que de trouver « des personnes intéressantes » qu’elle pût conseiller, secourir et protéger, lui témoignât une active sympathie.

Son premier mot, lorsqu’elle avait trouvé Madeleine installée chez ses parents et l’avait embrassée affectueusement, avait été pour lui dire tout bas à l’oreille :