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l’amitié, chère petite… cousine, de leur plaire à tous deux, à l’un comme à l’autre. Ce qui sera le plus sensible à ma mère, ce sera l’intérêt que tu porteras aux affaires de notre maison. Si tu veux bien aller souvent lui tenir compagnie au magasin, si tu l’aides à écrire quelques lettres dans un moment de presse, si tu admires intelligemment quelques belles pièces d’orfèvrerie, elle t’adorera. Quant à mon père, il sera très-heureux que tu l’accompagnes dans sa promenade de tous les jours aux Champs-Élysées, et quand il sera fier de toi pour les regards d’admiration que tu auras provoqués en passant appuyée sur son bras, sa conquête sera faite aussi, et solidement, je t’assure. Ne dis pas que tu ne provoqueras pas l’admiration.

— Je ne dis rien pour que tu n’insistes pas, mais pour cela seulement.

— Maintenant il me reste à parler d’un membre de notre famille avec qui tu n’as pas besoin de te mettre en frais, je veux parler de Camille. Il n’est même pas à souhaiter que tu fasses sa conquête.

— Et pourquoi donc ne veux-tu pas que je sois aimable avec elle ?

— Parce qu’elle voudrait te marier.

Elle ne put retenir un mouvement de répulsion.

— Tu ne sais pas comme cette manie matrimoniale a fait de progrès en elle, depuis qu’elle est mariée ; elle a toujours à offrir une collection de jeunes gens et de jeunes filles, portant tous, bien entendu, les plus beaux noms de la noblesse française ou étrangère, car elle n’a pas de préjugés patriotiques.

— Malheureusement pour Camille, il n’y a pas de maris pour les filles pauvres.