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XII

Ce n’était pas la première fois que Léon se trouvait en opposition avec les idées ambitieuses de son père et de sa mère ; il les connaissait donc bien et, mieux que personne, il savait qu’il n’y avait pas à lutter contre elles.

Quand sa mère avait dit avec modestie et les yeux baissés : « notre position », tout était dit.

Et, pour son père, il n’y avait rien au-dessus de la fortune « gagnée loyalement dans le commerce ».

Tous deux avaient au même point la fierté de l’argent et le mépris de la médiocrité.

Plus jeune que sa sœur de deux ans, il avait vu, lorsqu’il avait été question de marier celle-ci, quelle était la puissance tyrannique de ces idées, qui avaient fait repousser, malgré les supplications de Camille, les prétendants les plus nobles, mais pauvres, pour accepter en fin de compte un baron Valentin, à peine noble mais riche. Combien de fois Camille, qui voulait être duchesse et qui n’admettait qu’avec rage la possibilité d’être simple marquise, avait-elle versé des torrents de larmes. Mais ni larmes ni rage n’avaient touché M. et madame Haupois.

— Nous ne nous amoindrirons pas dans notre gendre.