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— Nous voulons ce que le devoir et l’honneur exigent, puisque nous sommes décidés à ne pas te laisser épouser Madeleine.

— Lui fermer votre maison ! ah ! ni toi ni ma mère vous ne ferez cela.

— Il dépend de toi que Madeleine reste ici comme si elle était notre fille.

— Et comment cela ?

— Tu comprends, n’est-ce pas, qu’après ce que tu nous as dit nous ne pouvons pas, nous qui ne voulons pas que Madeleine devienne ta femme, nous ne pouvons pas tolérer que vous viviez l’un et l’autre dans une étroite intimité.

— Vous reconnaissez donc de bien grandes qualités à Madeleine, que vous craignez qu’une intimité de chaque jour développe un amour naissant ? Si Madeleine n’est pas digne d’être aimée, le meilleur moyen de de me le prouver n’est-il pas de me laisser vivre près d’elle pour que j’apprenne à la connaître et à la juger telle qu’elle est ?

— Il ne s’agit pas de cela. Je dis que vous ne devez pas vivre sous le même toit, et bien que tu aies ton appartement particulier, il en serait ainsi si nous laissions les choses aller comme elles ont commencé ; régulièrement, beaucoup plus régulièrement qu’autrefois, tu déjeunerais avec nous, tu dînerais avec nous, tu passerais tes soiréesavec nous, c’est-à-dire avec Madeleine. Pour que cela ne se réalise pas, il n’y a que deux partis à prendre : ou Madeleine quitte notre maison, ou tu t’éloignes toi-même.

— C’est ma mère qui a eu cette idée ?

— Ta mère et moi ; mais ne nous fais pas porter une