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fantaisie ; et de quelque côté que je l’aie retourné, il m’a paru ce qu’il est réellement, c’est-à-dire insensé ; aussi, pour ne pas laisser aller les choses plus loin, je te déclare, puisque nous sommes sur ce sujet, que je ne donnerai jamais mon consentement à un mariage avec Madeleine. Jamais ; tu entends, jamais ; et en te parlant ainsi, je te parle en mon nom et au nom de ta mère ; tu n’épouseras pas ta cousine avec notre agrément ; sans doute tu toucheras bientôt à l’âge où l’on peut se marier malgré ses parents ; mais, si tu prends ainsi Madeleine pour femme, il est bien entendu dès maintenant que ce sera malgré nous. Nous avons d’autres projets pour toi, et je dois te le dire pour être franc, nous en avons d’autres pour Madeleine. Quand je t’ai écrit que notre intention était de recueillir cette pauvre enfant et de la traiter comme notre fille, nous pensions, ta mère et moi, que tu n’éprouverais pour elle que des sentiments fraternels, en un mot qu’elle serait pour toi une sœur et rien qu’une sœur ; mais ce que tu nous a appris hier nous prouve que nous nous trompions.

— Jusqu’à ce jour Madeleine n’a été pour moi qu’une sœur.

— Jusqu’à ce jour ; mais maintenant, si vous vous Voyez à chaque instant, et si vous vivez sous le même toit, les sentiments fraternels seront remplacés par d’autres sans doute ; tu te laisseras entraîner par la sympathie qu’elle t’inspire et tu l’aimeras ; elle, de son côté, pourra très-bien ne pas rester insensible à ta tendresse et t’aimer aussi. Cela est-il possible, je le demande ?

— Que voulez-vous donc, ma mère et toi ?