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Le mot « liquidation » avait fait lever la tête à Léon, l’idée de venir « à bout des créanciers facilement » le souleva :

— Pardon, s’écria-t-il, mais l’intention de Madeleine est d’abandonner tous les droits qu’elle tient de sa mère, pour que les créanciers soient payés ; il n’y a donc pas à venir à bout d’eux.

— Ceci me regarde et ne regarde que moi ; les droits de Madeleine sont insignifiants, et si c’est pour en faire abandon que tu veux aller à Rouen, ton voyage est inutile.

— Je te répète ce que Madeleine m’a dit.

— C’est bien, je sais ce que j’ai à faire. Mais puisqu’il est question de Madeleine, revenons, je te prie, sur notre entretien d’hier soir : ce n’est pas sérieusement que tu penses à prendre Madeleine pour ta femme, n’est-ce pas ?

— Rien n’est plus sérieux.

— Tu veux te marier ?

— Je désire devenir le mari de Madeleine.

— À vingt-quatre ans, tu veux dire adieu à la vie de garçon, à la liberté, au plaisir ! Il n’y a donc plus de jeunes gens ?

— La vie de garçon n’a pas pour moi les charmes que tu supposes, et je me soucie peu d’une liberté dont je ne sais bien souvent que faire. J’ai plutôt besoin d’affection et de tendresse.

— Il me semble que ni l’affection ni la tendresse ne t’ont manqué, répliqua M. Haupois. Je t’ai dit hier que tu étais fou, je te le répète aujourd’hui, non plus sous une impression de surprise, mais de sang-froid et après réflexion. Toute la nuit j’ai réfléchi à ton projet, à ta