— En quoi est-ce folie de vouloir épouser Madeleine ?
— Elle n’a pas un sou.
— Je ne tiens nullement à épouser une femme riche.
— Nous y tenons, nous !
— Je ne t’obligerai jamais, dit M. Haupois, à épouser une femme que tu n’aimerais pas, mais je te demande qu’en échange tu ne prennes pas une femme qui ne nous conviendrait pas.
— En quoi Madeleine peut-elle ne pas vous convenir ? ma mère reconnaissait tout à l’heure qu’elle était charmante sous tous les rapports.
— Sous tous, j’en conviens, répondit M. Haupois, sous un seul excepté, sous celui de la fortune ; ta position…
— Oh ! ma position.
— Notre position si tu aimes mieux, notre position t’oblige à épouser une femme digne de toi.
— Je ne connais pas de jeune fille plus digne d’amour que Madeleine.
— Il n’est pas question d’amour.
— Il me semble cependant que, si l’on veut se marier, c’est la première question à examiner, répliqua Léon avec une certaine raideur, et pour moi je puis vous affirmer que je n’épouserai qu’une femme que j’aimerai.
Peu à peu le ton s’était élevé chez le père aussi bien que chez le fils, madame Haupois jugea prudent d’intervenir.
— Mon cher enfant, dit-elle avec douceur, tu ne comprends pas ton père, tu ne nous comprends pas ; ce n’est pas sur la femme, ce n’est pas sur Madeleine que