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Ce fut sa mère qui la lui posa :

Son explication fut celle qu’il avait déjà donnée à Madeleine : le médecin de Rouen qu’il rencontre par hasard et qui le prévient que son oncle est menacé de devenir aveugle.

Cette histoire du médecin avait l’inconvénient de ne pas expliquer la lettre de son oncle ; mais devait-on supposer que Savourdin parlerait de cette lettre ? Cela n’était pas probable ; si contre toute attente le vieux caissier en parlait, il serait temps alors de l’expliquer d’une façon telle quelle.

Élevé par un père et une mère qui l’aimaient, Léon n’avait pas été habitué à mentir, aussi se serait-il assez mal tiré de son récit fait dans le calme et en tête à tête avec ses parents ; mais en voiture, au milieu du bruit et des distractions, il en vint à bout sans trop de maladresse.

En entrant dans le salon où Madeleine se tenait, M. Haupois-Daguillon ouvrit ses bras à sa nièce et l’embrassa tendrement.

Puis après l’oncle vint la tante.

Mais ce fut plutôt en père et en mère qu’ils l’accueillirent qu’en oncle et en tante.

Madame Haupois-Daguillon eut soin d’ailleurs de bien marquer cette nuance :

— Désormais cette maison sera la tienne, lui dit-elle, et tu trouveras dans ton oncle un père, dans Léon un frère ; pour moi tu peux compter sur toute ma tendresse.

Madeleine était trop émue pour répondre, mais ses larmes parlèrent pour elle.

Madame Haupois Daguillon était depuis trop long-