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prendre connaissance des affaires de son oncle, et dire aux créanciers qui allaient s’abattre menaçants qu’ils n’avaient rien à craindre, qu’ils seraient payés intégralement et qu’il le leur garantissait, lui Léon Haupois-Daguillon, de la maison Haupois-Daguillon de Paris.

Son père à Balarue, cela lui était facile, il n’avait personne à consulter, il agissait de lui-même, dans le sens qu’il jugeait convenable.

Mais l’arrivée de son père à Paris changeait la situation.

Il fallait laisser à celui-ci le plaisir de sa générosité envers cette pauvre Madeleine ; cela était convenable, cela était juste, et, de plus, cela était, jusqu’à un certain point, habile ; on s’attache à ceux qu’on oblige ; le service rendu serait un lien de plus qui attacherait son père à Madeleine ; il l’aimerait d’autant plus qu’il aurait plus fait pour elle.

C’était par le train de six heures que M. et madame Haupois-Daguillon devaient arriver à la gare de Lyon. À six heures moins quelques minutes, Léon les attendait à la porte de sortie des voyageurs. Tout d’abord il avait pensé à demander à Madeleine si elle voulait l’accompagner, ce qui eût été une prévenance à laquelle son père et sa mère auraient été sensibles ; mais la réflexion l’avait fait vite renoncer à cette idée ; il ne pouvait pas, à Paris, sortir seul avec Madeleine.

De la gare de Lyon à la rue de Rivoli, le temps se passa pour M. et madame Haupois en questions, pour Léon en récit.

Il y avait une demande qu’il attendait et pour laquelle il avait préparé sa réponse : « Comment était-il arrivé à Saint-Aubin juste au moment de la mort de son oncle ? »