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Elle ne quittait pas la grève et du matin au soiron la voyait marcher sur le rivage, avec Léon près d’elle, depuis Langrune jusqu’à Courseulles, et, suivant le mouvement du flux et du reflux, remontant vers la terre quand la mer montait, l’accompagnant quand elle descendait.

Devant cette jeune fille en noir, au visage pâle, au regard désolé, tout le monde se découvrait respectueusement ; mais elle ne répondait jamais à ces témoignages de sympathie, qu’elle ne voyait pas, et lorsqu’elle les remarquait, elle le faisait par une simple inclinaison de tête, sans parler à personne.

C’était seulement aux douaniers et aux gens qui étaient chargés d’explorer le rivage qu’elle adressait la parole, encore était-ce d’une façon contrainte :

— Rien de nouveau encore ? demandait-elle.

Mais elle ne prononçait pas de nom, et le mot décisif elle l’évitait.

On lui répondait de la même manière, et le plus souvent sans parole, en secouant la tête.

Le septième jour après la mort de M. Haupois, le temps, jusque-là beau, se mit au mauvais.

Le vent, qui avait constamment été au sud, passa à l’est, puis au nord, d’où il ne tarda pas à souffler en tempête : toutes les barques revinrent à la côte, et sur la mer démontée on n’aperçut plus à l’horizon que de grands navires : le bateau de Pécune, que depuis sept jours on était habitué à voir du matin au soircourir des bordées devant Bernières, dut aborder ne pouvant plus tenir la mer.

Aussitôt à terre, Pécune vint trouver Madeleine dans la cabine où elle se tenait avec Léon.