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ce bateau, et qu’on soit ce matin même sur les îles de Bernières pour ne plus s’en éloigner.

— Eh bien, j’irai, si vous voulez, avec mon bateau ; seulement je ne vous cache pas qu’il y a pour le moment plus de chance sur la grève.

— Je placerai des hommes sur la grève.

— Il faudrait prévenir aussi les douaniers.

— Je m’occuperai de cela.

Léon ne se coucha pas mais, s’étant fait allumer un grand feu, il se sécha et se séchauffa ; puis, quand les maisons commencèrent à s’ouvrir, il fit ce que Pécune lui avait recommandé.

Quand il se présenta chez Madeleine, il la trouva assise devant la cheminée de sa petite salle : elle non plus ne s’était pas couchée :

— Je t’attendais, dit-elle, veux-tu que nous allions sur la plage ?

— Ce que tu veux, je le veux.

Ils se dirigèrent vers le rivage, et quand ils arrivèrent en vue de la mer, Léon vit les yeux de Madeleine prendre une expression affolée.

Alors, étendant la main dans la direction de l’ouest, il lui montra une barque aux voiles d’un roux de rouille qui courait une bordée devant le sémaphore de Bernières.

— C’est la barque de Pécune, dit-il, elle restera là à croiser en examinant la mer, tant qu’il sera utile, et ne rentrera que la nuit.

Il lui expliqua aussi ce qu’il avait fait pour mettre des hommes en vedette sur la côte depuis le phare de Ver jusqu’à l’embouchure de l’Orne.

Elle marchait près de lui, seule, sans lui donner le