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D’ailleurs il voulait consulter le pêcheur, ce qu’il n’avait pu faire en présence de Madeleine.

— Croyez-vous donc que nous devons renoncer à l’espérance de retrouver mon oncle ? demanda-t-il.

— Non, monsieur, je ne crois pas ça ; même qu’on le trouvera pour sûr ; c’est le courant qui aura entraîné le corps, mais il le ramènera. Et puis, voyez-vous, il n’y a pas de danger : Haupois était bien vêtu, il avait un bon pantalon de laine, un paletot, une grosse cravate et des bottes ; je l’ai vu passer quand il est parti pour la pêche ; les crabes, les pieuvres et toute la vermine de la mer ne pourront pas lui faire de mal. Ce n’est pas comme mon pauvre père et mon garçon que j’ai perdus il y a trois mois ; eux, ils n’avaient qu’une mauvaise blouse et des sabots, et les sabots, vous savez, ça flotte, ça ne coule pas avec le corps. Quand il a été bien certain qu’ils étaient noyés, je me disais : « S’ils pouvaient seulement revenir pour que j’aille les chercher tous les deux, le père et le garçon. » C’était toute mon espérance, toute ma consolation. Ils sont revenus ; mais en quel état, mon Dieu ! Vous n’avez pas ça à craindre pour votre oncle. Et mademoiselle Madeleine, la chère demoiselle, pourra embrasser son père une dernière fois ; ça lui sera bon.

— Mais quand ?

— Le bon Dieu seul le sait !

— Je voudrais qu’un bateau croisât toujours dans ces parages à la mer haute, et qu’à la mer basse on continuât les recherches.

— Le bateau, c’est trop tôt.

— Pent-être, mais cela rassurera Madeleine, elle verra que son père n’est pas abandonné. Trouvez-moi