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étaient couvertes d’herbes glissantes, et çà et là se trouvaient des crevasses pleines d’eau qu’il fallait traverser en se mouillant à mi-jambes ; mais Madeleine n’était sensible ni à la fatigue, ni à l’eau ; elle allait courageusement en avant, regardant autour d’elle bien plus qu’à ses pieds et se cramponnant à la main de Léon quand elle faisait un faux pas.

Pendant longtemps ils explorèrent ainsi cet îlot, mais, hélas ! inutilement ; ce qui de loin et dans l’ombre avait une forme humaine, de près et sous la lumière de la torche n’était qu’une pierre recouverte de goëmons à la longue chevelure.

La marée, en montant, les força de revenir en arrière près des pêcheurs réunis sur le sable.

L’un d’eux comprit le désespoir de cette pauvre fille.

— Nous reviendrons à la basse mer du jour, dit-il.

Pour Madeleine, cette parole était une espérance.

On revint lentement à Saint-Aubin. La nuit était avancée, et, dans l’aube qui blanchissait déjà l’orient, l’éclat des phares de la Hève pâlissait.

VIII

Léon ayant reconduit Madeleine jusqu’à sa porte pria Pécune de bien vouloir le guider jusqu’à l’hôtel où une chambre lui avait été retenue, et qu’il eût été bien embarrassé de trouver seul.