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pour elle une sorte de consolation, au moins c’était une occupation pour son esprit. Se détachant du passé, sa pensée se portait sur l’avenir ; ce n’était pas le vide pour son cœur, et c’est là un point capital dans la douleur.

En écoutant cette discussion et en voyant les pêcheurs disposés à abandonner toutes recherches, elle eut un moment de défaillance et elle s’affaissa contre l’épaule de Léon ; mais presque aussitôt elle réagit contre cette faiblesse, et relevant la tête :

— Messieurs, dit-elle d’une voix entrecoupée, encore un peu de courage, je vous en supplie.

L’appel était si déchirant qu’il toucha ces rudes natures.

— Mamzelle a raison, dit Pécune ; il ne faut pas lâcher comme ça ; ce que la mer n’a pas fait il y a un moment, elle peut le faire maintenant. Allons-y !

— J’irai avec vous ! s’écria Madeleine.

Léon comprit qu’il valait mieux la laisser agir ; cette attente dans l’immobilité, cette anxiété étaient horribles et devaient fatalement briser le courage le plus résolu.

— Oui, dit-il, allons avec eux.

— Je vas vous éclairer, dit Pécune.

Et ayant mouché sa torche à demi consumée, en posant son sabot dessus, il la leva en l’air, éclairant Madeleine et Léon qui le suivirent, tandis que les autres pêcheurs se dispersaient ça et là dans les rochers.

Ils arrivèrent assez rapidement sur l’îlot de rochers où M. Haupois avait disparu, ce qui rendit leur marche plus lente, plus difficile et plus pénible, car les pierres